Reflexio

mardi 29 janvier 2008

Polémique: le clonage.

Pourquoi y’a-t-il donc une polémique autour de ce sujet?

Le clonage: fabrication d’un nouvel individu possédant un génome rigoureusement identique à celui d’un autre individu. Le clonage est naturellement pratiqué par une grande diversité de végétaux (notamment par de nombreux fraisiers, par les pommes de terre, etc…). L’homme se sert depuis longtemps des aptitudes des végétaux à la reproduction asexuée (=clonage) exemple: le bouturage. Le clonage affecte aussi naturellement certains animaux: certaines espèces utilisant la parthénogénèse (reproduction de certaines femelles sans l’aide d’un mâle) peuvent se cloner véritablement. Cela ne concerne que les espèces dont les cellules germinales ne subissent pas de recombinaison. Certaines espèces de reptiles sont parthénogénétiques, mais je ne m’avancerais pas sur le type d’anomalie qui affecte leur reproduction. Enfin, on peut aussi parler du cas des « vrais jumeaux » qui sont en effet des clones.

Le clonage n’est donc pas une invention de l’homme.

Le problème se pose dans notre société où les êtres vivants sont individualisés (aussi bien les humains que leurs animaux domestiques). C’est un problème de nature éthique. En effet, les méthodes de clonage animal reposent sur le transfert d’un noyau d’une cellule somatique (du corps) vers un ovocyte (cellule germinale = reproductrice) énucléé. Les difficultés rencontrées par les chercheurs proviennent du fait que les noyaux de nos cellules évoluent avec notre âge.Le noyaux d’un embryon n’a pas les mêmes caractéristiques que le noyau d’un adulte. De plus les manipulations de cellules à cette échelle sont difficiles. Mais si l’opération réussit, l’individu qui se développe aura pratiquement les même caractéristique que son « parent » (sachant que le clone hérite tout de même du génome mitochondrial de l’ovocyte donneur) et par là même, les mêmes caractéristiques que les autres individus de son espèce (une vache clonée reste une vache, son lait est un lait normal). Les dernières études concluent sur un risque alimentaire nul pour les êtres vivants clonés. La Food and Drug Administration a récemment donné son aval pour l’élevage de clones pour l’alimentation.

Le problème est donc bien de nature éthique. Et il a même plusieurs origines éthiques:

  • Le clonage animal passe actuellement par l’utilisation d’un ovocyte énucléé. Cet ovocyte aurait eu la capacité de produire un nouvel être vivant, certains assimilent cette énucléation à un meurtre. Cela reste tout même un avis extrême étant donné que la fécondation n’a pas eu lieu. C’est à dire que le gamète mâle n’a pas rencontré le gamète femelle, l’ovocyte n’a que la moitié d’un génome.
  • Comme notre société individualise tous ses êtres vivants, l’apparition de copies est problématique. Quid de l’identité des clones? et de leurs « parents »? Ce problème se pose essentiellement pour les êtres humains et leurs animaux de compagnie qui ont une identité bien définie. Les animaux destinés à la consommation ne sont pas autant individualisés.
    • Cependant, il faut savoir qu’un clone n’est jamais la copie à l’identique de son « parent ». En effet, le développement autant du corps que de l’esprit dépend à la fois du génome et de l’environnement (culturel, social, nutritionnel, sportif, etc…). Deux clones en seront donc pas identiques mais très ressemblants (du moins du point de vue physique, s’ils ont vécu dans le même environnement). On peut penser aux vrais jumeaux. S’il est élevé dans un environnement social sain, un clone artificiel humain devrait pouvoir s’intégrer à la société. Pour les animaux domestiques, le problème serait essentiellement du au fait que leurs maitres attendraient des clones d’être la parfaite copie de leur animal préféré. Or, ce ne sera jamais le cas.
  • Le clonage thérapeutique pose le problème du statut du clone: individu à part entière ou vulgaire boite à pièces de rechange? On a parlé de 2 alternatives:
    • Le clonage thérapeutique utilisé afin d’obtenir des cellules souches prélevées au stade embryonnaire. L’embryon étant ensuite éliminé. Là aussi la question est de définir à partir de quel moment l’être vivant devient individu pour savoir si on peut classer cet acte comme un meurtre ou pas.
    • Le clonage thérapeutique préventif avec croissance parallèle du clone et de son parent. Pour moi, cela tient plutôt de la science fiction. Pourquoi faire croitre un clone pendant des années avec toutes les dépenses que cela implique? De plus, quel sera le statut du clone dans notre société? vulgaire boite à pièces de rechange (ce qui me parait complètement fou: comment dire à quelqu’un: « si un jour ton « parent » a un accident, nous viendrons prendre tes organes afin de le guérir ») ou vrai jumeau égal à son parent auquel cas se pose la question de savoir qui est le clone thérapeutique de l’autre.

Les questions qui se posent sont donc:

  • A partir de quel stade un être humain peut-il être considéré comme un individu?
  • Quels sont les droits d’un individu sur son propre génome? Ses parents ont-ils le droit de s’en servir pour produire des cellules à l’extérieur de son corps? Le génome d’un clone lui appartient-il?
  • Le clonage est-il un moyen « normal » de se reproduire?

Ce sont sur ces questions que les penseurs vont devoir se pencher dans un futur proche. En effet, une équipe de recherche à récemment réussi un clonage humain. Ils ont cependant interrompu le développement des embryons qui ne semblaient vraisemblablement pas viables.

Que ce soit clair, cet article est par endroit engagé bien que mon opinion ne se manifeste pas sur chaque problème. Pour finir, je vais vous dire clairement ce que j’en pense:

  • Le clonage à but alimentaire ne me pose pas de problème étant donné qu’il n’est pas dangereux pour la santé et que le problème de l’individualité des animaux ne se pose pas. Je suis donc favorable à l’avis de la Food and Drug Administration aux USA.
  • Le clonage des animaux de compagnie ne me pose pas de problème, il faut juste que les clients soient conscients qu’un clone n’est pas une copie conforme.
  • Le clonage d’êtres humains dans un but non thérapeutique avec insertion dans la société revient à la naissance d’un jumeau, la seule différence étant qu’elle a été voulue et qu’elle peut être différée (qu’il y ait une différence d’âge entre le clone et son « parent »). Cela devrait bouleverser de nouveau la structure familiale, mais il me semble que notre société est capable (ou du moins le sera) de l’accepter.
  • Le clonage d’êtres humains à fin thérapeutique avec croissance parallèle restera de la science fiction d’autant que les travaux sur les cellules souches avancent à grands pas. Les clonages thérapeutiques pour produire des cellules souches seront bientôt inutiles vu les progrès dans la production de cellules souches à partir de cellules somatiques.
  • En ce qui concerne l’éthique par rapport au meurtre que peut constituer l’énucléation d’ovocytes, je pense qu’à ce stade là, on ne peut pas parler d’individu. Il faut au moins que la fécondation ait eu lieu.

Le futur nous dira si mon avis sera partagé par la majorité, mais le fait que les discussions vont devoir commencer tant le besoin d’une législation va se faire ressentir rapidement.

Un dernier aspect avant de vous laisser reprendre une activité normale:

Le clonage d’un individu à son insu. Cet aspect a déjà été travaillé dans certains films. C’est un danger réel tant il est facile de se procurer le génome d’un individu. Cette menace suffira-t-elle à enrailler l’évolution de nos mœurs vers la banalisation du clonage en tant que méthode de reproduction?

Ginklpios, qui sais qu’il est et restera unique même si un jour quelqu’un devait partager son génome avec lui.

samedi 26 janvier 2008

Un combat qui ne devrait pas avoir lieu.

Avez-vous déjà entendu parler de créationnisme ou d’Intelligent Design?

Ce sont deux théories de la formation du monde et de son évolution (ou pas) au cours du temps.

Dans ses grandes lignes, la première, dite théorie de la Création, relate l’histoire de la création à partir de rien du monde en 6 jour par le dieu des monothéistes (chrétiens, juifs et musulmans – dans l’ordre alphabétique). Cette théorie indique que le monde aurait été créé il y a entre quelques milliers d’années (le 23 octobre 4004 av. J.-C. selon James Ussher) et quelques milliards d’années (pour ceux qui ne contestent pas la datation scientifique de la formation de la Terre). Ils ont en communs de nier toute forme de transformisme dans l’histoire des êtres vivants; i.e. que les êtres vivants ont été créés tels qu’on les trouve encore aujourd’hui et qu’ils n’ont jamais changé, de quelle manière que ce soit.

La seconde théorie, élégamment appelée Intelligent Design est une théorie plus lâche par rapport aux 3 principales religions monothéistes. Elle accepte la notion de transformisme mais selon elle, cette évolution des êtres vivants ne pourrait qu’être guidée par un esprit mu par la volonté d’aboutir sans doute à notre espèce et non par le plus vide des hasards.

Le problème, vous le voyez sans doute, provient du fait que depuis 2 siècles, une théorie scientifique se propose d’expliquer l’évolution des êtres vivants et qu’elle contredit la Genèse (mythes fondateurs des religions judéo-chrétiennes) et sans doute certains éléments de l’islam (ne connaissant pas les mythes des 3 religions, je ne m’avancerais pas plus!).

Lorsque l’on contredit un croyant, la première chose qu’il fait c’est d’essayer de vous convaincre que vous avez tort et qu’il a raison. C’est le combat mené par les tenants de la théorie de la Création. Ce combat est totalement infondé. En effet, il est inutile de confronter deux théories n’appartenant pas au même domaine du savoir: un mythe religieux fondé sur des écrits qui font autorité (encore que…) et une théorie scientifique élaborée à partir de faits observables. Pourquoi me direz-vous, ne peut-on pas les opposer? un argument est un argument! Comme ces 2 théories n’appartiennent pas au même domaine de connaissance, les arguments de leurs défenses appartiennent eux aussi à 2 domaines différents. Aucune confrontation ne peut être espérée entre les arguments d’un tel débat qui est donc totalement stérile.

En réaction, certaines personnes ont voulu mettre la théorie créationniste sur le plan scientifique afin de pouvoir engager un véritable débat. De cette intention est né l’Intelligent Design. Se voulant être une théorie scientifique, l’ID se doit de respecter les faits. Comme les sciences paléontologiques sont largement acceptées dans le monde scientifique, il n’était pas raisonnable de les contredire. L’ID accepte donc la notion de transformisme et la datation scientifique de la formation de la Terre. En revanche, l’idée fondatrice de l’ID est que la complexité actuelle des êtres vivants est telle qu’elle n’a pas pu être engendrée par le plus pur des hasards. (Petit rappel: selon les théories darwiniennes – et oui, il y en a plusieurs variantes! – le hasard est le moteur de la variation et donc de l’évolution – grâce à la sélection). Il faut donc y voir l’action d’un grand penseur capable de modeler les êtres vivants. Et c’est la que se situe le chiasme entre cette théorie et la science: cette hypothèse n’est pas du tout testable. Ce n’est rien de moins qu’une allégation qui n’a aucun poids scientifique. Pour une théorie qui se veut scientifique, contenir une telle hypothèse fondatrice invérifiable, c’est se voir réfuter par le monde scientifique entier! En effet, la définition épistémologique d’une théorie scientifique intègre depuis Karl Popper le critère de réfutabilité. De plus, si on analyse plus profondément les sources politiques et financières de cette théorie, on se rend vite compte que les intentions des tenants de cette théorie n’ont pas pour seul objectif de faire avancer la science… (source: wikipedia ). Les tenants de l’ID s’engagent donc dans un combat malsain en essayant de tromper le grand public en se faisant passer pour une théorie scientifique.

Ces deux combats qui ne sont en fait que 2 batailles d’une même guerre stérile ne devraient pas avoir lieu. Les croyances religieuses et les connaissances scientifiques ne sont pas confrontables. Aucun débat entre les 2 ne peut être fondé.

Mais puisque de toute manière, aucune guerre ou presque n’est fondée et que pourtant toutes ou presque sont menées, je vous invite à défendre la science non pas en réfutant la doctrine, puisque cela n’est pas possible, mais en convaincant de la stérilité du combat.

Comme certains l’ont dit: Peace and love.

Ginklpios, qui se demande si la paix est réellement possible – Si vis pacem, para bellum.

mardi 1 janvier 2008

Nous.

Quelques petites données sur l’Homo sapiens, juste comme ça, parce que j’avais envie 😉

Tout d’abord un petit rappel, pour ceux qui auraient rangé cela consciencieusement dans un recoin de leur encéphale: nous sommes des animaux! Petit rappel phylogénétique (rapide): nous sommes des eukaryotes, opistochontes, vertébrés, tétrapodes, mammifères, primates (hominoïdes, hominidés, homininés). Nos « cousins » les plus proches sont ceux que l’on appelle les « Grands singes »: Orang-Outan, Gorille, Chimpanzé et le plus proche: le Bonobo avec les gibbons, nous formons la super-famille des hominoïdes, les singes sans queue.

Nous appartenons à une espèce récente, c’est-à-dire que nos ancêtres d’il n’y a pas si longtemps étaient différents de nous. Mais cette évolution qui a séparé notre branche de celle des autres grands singes n’a laissé de traces que dans des fossiles. On a retrouvé l’empreinte de ce buisson qu’est notre arbre généalogique un peu partout dans le monde. Je parle bien d’un buisson, en effet, notre espèce n’est que le rameau terminal d’une des branche que porte le « tronc » des australopithèques. Rapidement, on retiendra tout de même la succession australopithèques, Homo habilis, Homo erectus, Homo sapiens, avec tout de même 2 branches parallèles à la notre: Homo neandertalensis et Homo floresiensis, le petit dernier descendant l’Homo erectus et qui n’a été découvert qu’en 2003 en Indonésie. Il me parait important de souligner que tous les Homo actuellement présents sur Terre appartiennent à la même et unique espèce: Homo sapiens. Inutile j’espère de préciser qu’il n’y a aucune sous-espèce, variété, race ou sous-division dans notre espèce. Les variations interindividuelles sont largement supérieures aux variations qui pourraient exister entre des populations, ethnies ou peuples.

Un autre aspect important à mes yeux: notre espèce ne se distingue des autre que quantitativement: nous ne possédons pas de molécule particulière, pas de type cellulaire original, pas même d’organe qui sorte de l’ordinaire. De même notre culture n’est pas un fait isolé. En revanche, nous pouvons nous reconnaitre une différence d’ordre quantitative par rapport à d’autres espèces: un volume crânien plus élevé, une capacité à communiquer hypertrophiée, une culture plus étendue, etc…

De plus, il n’est pas difficile de constater que notre espèce a plutôt bien réussi en terme de développement de sa population. L’homme est présent sur tous les continents. Sa réussite il la doit à de nombreux facteurs.

Une extraordinaire faculté d’adaptation.

De part ses origines simiesques, l’ancêtre de l’homme (pour simplifier) possède quelques caractéristiques intéressantes comme: des mains munies de pouces opposables, terriblement pratiques pour saisir des objets, un boite crânienne relativement développée et une aptitude à la vie sociale bien ancrée dans son comportement. Ces trois caractéristiques vont permettre l’évolution des ancêtres des australopithèques jusqu’à nous. Elles vont favoriser le développement de notre intelligence grâce à l’interaction avec nos semblables et avec nos outils. Cette évolution va découler des modification subies par l’environnement de nos aïeux dans le grand est africain. Certains grands singes de la région du rift vont passer de la forêt tropical à la savane lors de l’ouverture du dit rift. Ces singes vont alors changer de mode de locomotion, passant progressivement d’un mode arboricole à la bipédie qui ne sera accomplie qu’avec l’apparition de l’Homo erectus. On les surnommera plus tard australopithèques. L’Homo habilis dont la physionomie fait déjà un grand marcheur va coloniser de nombreux continents et fabriquer des outils sophistiqués en pierre taillée. L’Homo erectus, lui va parfaire son anatomie, faisant de lui un grand coureur. C’est ainsi qu’il va coloniser tous les continents. L’Homo sapiens est caractérisé par un volume crânien encore plus élevé. En revanche, les plus grandes capacités crâniennes ont été mesurées chez des Homo neandertalensis (tandis que les plus petites ont été mesurées chez Homo floresiensis, de part son insularité). La séparation avec les autres homininés a donc pour principales caractéristiques l’acquisition de la bipédie et l’augmentation du volume crânien.

La seconde évolution.

Comme je l’ai déjà exprimé dans cet article précédent, l’augmentation du volume crânien des ancêtres de l’homme s’est accompagnée de l’augmentation de l’étendue de sa culture, lui permettant d’augmenter considérablement son emprise sur son environnement, ce qui a permis l’expansion à tous les continents de son aire de répartition. Aujourd’hui, cet seconde évolution s’apprête à permettre la troisième évolution, ou la reprise de l’évolution physique de l’homme motivée non pas par la sélection naturelle mais par la propre main de l’homme.

Cette troisième évolution va avoir des conséquences éthiques importantes que nous allons devoir surmonter… en effet, nous avons déjà du mal à gérer cela alors que nous avons les même corps, que nous partageons globalement le même patrimoine génétique. Qu’en sera-t-il lorsque certains auront dénaturé leur corps ou même leur gènes voire lorsque d’autre se séparerons de leur corps organique? J’espère que nous saurons respecter et maintenir l’égalité des droits de chacun.

Ginklpios, pour vous, ce n’est peut-être que de la science-fiction; pour moi, c’est tout simplement l’avenir.

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