Reflexio

lundi 31 décembre 2007

Petites reflexions sur les Connaissances.

Sans entrer dans de complexes considérations épistémologiques (branche de la philosophie qui s’intéresse aux sciences voire plus généralement au savoir, aux connaissances), je vais tenter un petit essai sur les connaissances.

Je vais mettre de côté la connaissance « commune »: l’opinion publique pour ne considérer que les croyances acceptée comme vraies par une large part de la population: d’un côté le dogme, de l’autre le savoir scientifique. Qu’est-ce qui distingue ces deux catégories de vérités?

Le dogme

Le dogme est une vérité fixée. Elle a été énoncée un jour, par une autorité. C’est une vérité ponctuelle. Elle tire sa véracité de son acceptation par un large public. Elle a pu être par la suite être copiée, réénoncée et même peut-être modifiée. Mais dans ce cas là, les modification nécessitent de nouveau l’approbation par le public. Sa force et sa faiblesse ont une origine commune: l’unique source de son acceptation en tant que vérité est l’opinion publique… cette chose variante car soumise à son environnement.

Pour simplifier, on va examiner 2 dogmes de nature opposée, mais il en existe bien sur de nature intermédiaire:

Soit il est par nature flexible, peu défendu. Il mutera alors rapidement et au bout de quelque temps sera à ce point méconnaissable que l’on pourra bel et bien dire qu’il n’est plus. Ce genre de dogme n’existe qu’à court terme.

Soit il est ardemment défendu, peu flexible. Les religions en sont un parfait exemple.Ces dogmes, si leur communauté de défenseur est suffisamment importante sont appelés à durer.

Pour garantir leur existence, les dogmes doivent donc être défendus férocement. Ce qui explique que lorsque 2 dogmes affirment 2 opinions différentes sur une même sujet, le combat soit acharné. Sinon, le combat n’aurait pas lieu d’être, au moins l’un des 2 dogme n’étant tout simplement plus.

La connaissance scientifique.

La connaissance scientifique possède théoriquement 1 unique source d’authentification (par rapport à la vérité, s’entend). En pratique, une source secondaire: l’autorité apportée par la notoriété de l’auteur pollue l’acceptation d’une opinion en tant connaissance scientifique. Mais passons.

Une connaissance est acceptée comme scientifique si elle est testable: si le protocole qui a permis de mettre en évidence cette vérité est reproductible et si cette reproduction mène à la même conclusion. La connaissance scientifique a donc une visée universelle. Ce qui trouble le grand public c’est que cette connaissance, supposée être particulièrement vraie puisqu’universelle, est pourtant particulièrement instable. Si un jour, une nouvelle preuve vient contredire la première alors la connaissance change. Ainsi, ce qui précisément confère toute son autorité à une opinion auprès du public scientifique, est ignoré du grand public pour qui la fiabilité d’une information est pratiquement directement liée à sa durabilité. Un autre pendant de l’éloignement du grand public par rapport aux sciences, c’est la rigueur demandée par une connaissance scientifique, il faut en effet être particulièrement rigoureux pour qu’une expérience puisse être reproduite.

La connaissance scientifique est donc éloignée du grand public pour de multiples raisons: elle est instable, complexe, nécessite de la rigueur. Tout le contraire d’une connaissance accessible et jugée fiable. Pourtant, portée par quelques figures de proue de la science, la connaissance scientifique jouit au sein du grand public d’une autorité presque incontestable.

De là émerge un grand danger: incapable de juger la véracité scientifique d’une information, le grand public est soumis à l’arnaque: sous le couvert d’une image pseudo-scientifique, des opinions peuvent circuler et jouir de l’autorité de la science.

Une autre chose primordiale: il ne sert à rien de comparer 2 choses qui n’appartiennent pas au même domaine. Si le dogme et la connaissance scientifique sont 2 croyances qui prétendent la vérité, leur autorité ne reposent pas sur les même piliers. Essayer de les comparer ne sert à rien. Les argument que l’on utiliserait pour les défendre ne sont pas de la même nature.

Parenthèse: Débat Darwinisme/Créationnisme.

Il n’y a pas de débat entre Darwinisme (et ses dérivés) et Créationnisme pour la simple raison que le Créationnisme est un dogme sans fondement scientifique tandis que le Darwinisme est une théorie scientifique. Non pas que l’un soit supérieur en quelque manière que ce soit à l’autre; bien que les deux prétendent expliquer la même chose, les arguments employés par les uns ne sont pas de la même nature que ceux employés par les autres.

Toute tentative de débat entre les 2 serait un débat de sourd, un débat stérile.

Pour conclure

J’ignore pourquoi, mais défendre son opinion est une des activités favorite des hommes. Or, on a vu que si des vérités dogmatiques pouvaient co-exister, elles devaient s’entrechoquer. C’est bien triste pour leurs défenseurs.

La beauté de la connaissance scientifique c’est qu’il est possible de classer de façon commune diverses théories grâce au nombre et à la qualité des arguments qui la soutiennent. Et ça suffit à mettre tout le monde ou presque d’accord. Alors que dans le cas d’un dogme, il n’y a rien que l’autorité de l’auteur qui compte… jusqu’au moment où les défenseur cessent d’employer des arguments verbaux…

Alors s’il vous plait, croyez humblement. Ce n’est pas le nombre de croyant qui compte, mais seulement votre foi.

Ginklpios, qui a une grande foi en la pensée scientifique 😉

samedi 1 décembre 2007

Sheep effect – Effet mouton.

Filed under: Reflexion — ginklpios @ 23:12
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Définition: effet de masse affectant des êtres possédant un système de traitement de l’information leur permettant d’imiter leurs semblables. Il se caractérise par un comportement grégaire et totalement dénué de réflexion des individus du « troupeau ».

Ce phénomène affecte toutes les classes de la population et tous les âges avec une pénétration plus ou moins forte qui dépend souvent du contexte social.

Il affecte notamment les jeunes (entre 12 et 25 ans), mais il reste très présent plus tard dans la vie des individus sous une forme moins visible.

I) Les raisons du pourquoi du comment.

La capacité d’apprentissage de l’homme passe par l’imitation. Notre espèce est dotée d’une énorme propension à l’imitation. Pour diverses raisons culturelles et sociales (sentiment tribal, peur de la honte, de l’exclusion, etc…) ce phénomène peut-être accentué dans nos sociétés dominées par les simulacres – les apparences, si vous préférez – . Un phénomène illustre parfaitement ce concept: l’effet de mode. Voila donc une raison – multiple – de l’effet mouton.

Mais une autre composante entre en jeu: le fait que l’effet mouton ne fonctionne que sur des individus lobotomisés (temporairement ou définitivement). Cette absence de cogitation est dans la quasi-totalité des cas d’origine socio-culturelle. Un des principaux acteurs de cette disparition de la réflexion est la télévision. Elle diffuse la « culture TF1″ qui au nom de ses objectifs financiers ne renonce pas à priver la France d’une part significative – bien que dispersée – de son pool d' »intelligence » – si je puis dire – .

Le cerveau de ces individus passe alors en « mode sans échec », privés de ses routines habituel, ne faisant plus fonctionner que ses fonctions basiques – notamment cette fabuleuse capacité d’imitation. Ce fonctionnement possède en plus la qualité de rassurer ses utilisateurs de par la présence d’individus semblables à proximité et grâce au fait que le doute ne peut émerger sans questionnement (qui nécessite un effort intellectuel certain).

II) Sheep leading – Mener les moutons.

Il existe deux types de sheep leading: les modes passifs et actifs.

Le mode passif qui se caractérise par un sheep leader – meneur de mouton n’ayant pas l’ambition d’être suivi peut lui-même avoir deux causes différentes:

  • Le type passif>aléatoire: le sheep leader agit de façon irréfléchie et/ou aléatoire. Le sheep leader est un mouton qui s’est mis en action par hasard.
  • Le type passif>motivé: le sheep leader est cet fois-ci animé par un but – le plus souvent personnel – et le poursuit plus ou moins consciemment. Il n’appartient pas forcément au troupeau.

Le mode actif se caractérise par un sheep leader ayant la volonté de se faire suivre pour des raisons souvent lucratives. Le sheep leader manipule si c’est nécessaire son troupeau – rarement utile en raison de l’apathie des individus concernés – . Il existe plusieurs techniques de manipulation à plus ou moins long terme et d’intensité plus ou moins forte (pseudo-autorité, charisme, rumeurs, utilisation pour son compte des conventions du troupeau, etc…).

III) Conséquences sociales.

Le sheep effect est enraciné dans la culture humaine. Et pour cause, la culture dépend de la capacité des individus à s’imiter les uns les autres. Le problème vient du fait qu’aucune réflexion, aucun jugement n’est porté par les moutons sur les conséquences sur eux-mêmes de cette imitation.

Dans nos sociétés dominées par la culture de l’impulsion (achat impulsif) et de la consommation de masse, le sentiment d’appartenance à un groupe est assuré par un sheep effect de type tribal. Les comportements quotidiens sont conditionnés par des conventions respectées grâce à l’effet mouton.

Le problème vient du fait que les moutons adoptent des comportements inconscients qui peuvent porter atteinte à leur santé. De plus l’effet mouton fonctionne en cercle vicieux: une fois le cerveau passé en « mode sans échec », l’individu perd sa capacité de jugement, il ne se rend pas compte de la stupidité de ses actes. Il n’a alors aucune raison de repasser en fonctionnement « normal ». La sortie de l’effet mouton passe souvent par une action extérieure: souvent un questionnement qui oblige le mouton à porter un jugement sur lu-même (ce processus peut passer par un jugement indirect: sur les autres moutons du troupeau puis par la mise en évidence de l’appartenance au troupeau du sujet). L’effet mouton pose aussi problème lorsque le sheep leader est de type actif et possède des intérêts portant atteinte au troupeau.

IV) Des solutions?

Pour résoudre ce problème récurrent, il me parait important de tarir la source de cette lobotomisation massive de la population. Seulement, de par le sentiment de sécurité et de torpeur que produit le sheep effect, les moutons sont par nature réfractaire à toute tentative d’extraction du troupeau. De plus, les intérêts financiers possèdent une influence particulièrement puissante sur les individus avides de pouvoir qui occupent les plus hauts postes politiques et économiques. Sans parler du fait que le questionnement, source de doute est particulièrement inconfortable et qu’il nécessite un effort intellectuel. Il faudrait donc un changement radical de notre société pour espérer une amélioration. C’est donc sur une note pessimiste que se clôt cet article.

Ginklpios, tiraillé entre une paresse quasi-génétique et un miroir céphalique particulièrement poli.

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